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russie : romanov

Nicolas II : le portrait retrouvé

Publié le par Sophie Manno de Noto

Le tableau avant restauration, au mur du Musée russe de Saint-Pétersbourg

Le tableau avant restauration, au mur du Musée russe de Saint-Pétersbourg

Lorsqu’ils débutèrent la restauration du portrait de Lénine peint par Vladislav Izmailovich en 1917, les restaurateurs de l’Académie Stieglitz de Saint-Pétersbourg ne s’attendaient pas à la découverte incroyable qu’ils étaient sur le point de faire.

Derrière la toile qui avait servit pour le portrait de Lénine, se trouvait un portrait de Nicolas II, resté caché pendant 90 ans par une couche de peinture à l’eau.

L’aventure de ce double portrait commença en 1896, quand l’artiste Ilya Galkin, qui avait déjà peint la famille impériale à plusieurs reprises, reçut commande d’une toile de 2m80 x 1m80 représentant le nouveau Tsar en costume de cérémonie. Son œuvre était destinée au hall d’honneur de l’école de commerce Petrovsky.

Portrait d’Alexandra, par Ilya Galkin

Portrait d’Alexandra, par Ilya Galkin

Le portrait par Ilya Galkin au mur de l’école Petrovsky

Le portrait par Ilya Galkin au mur de l’école Petrovsky

Après la révolution, l’école de commerce fut reconvertie en simple école. En 1924, après la mort de Lénine, Vladislav Izmaïlovich recouvrit le portrait du Tsar d’une épaisse couche de peinture, et utilisa le dos pour peindre le leader révolutionnaire.

Le nouveau tableau fut raccroché à la place de l’ancien, où il y demeurera pendant presque un siècle. Jusqu’à ce que le conseil d’administration de l’école décide de l’envoyer en restauration

La nouvelle version du portrait à la même place que l’ancienne. Seul le cadre fut modifié, pour masquer le chiffre de Nicolas II.

La nouvelle version du portrait à la même place que l’ancienne. Seul le cadre fut modifié, pour masquer le chiffre de Nicolas II.

Le portrait en cours de restauration

Le portrait en cours de restauration

Au bas de la toile, les restaurateurs découvrirent de nombreux petits trous, probablement causés par des coups de baïonnettes pendant la révolution. Un examen plus poussé aux rayons X a également permis de révéler que les têtes de Lénine et Nicolas II se trouvaient pratiquement au même endroit.

Nicolas II : le portrait retrouvé

Les deux portraits seront présentés ensemble au Musée des arts appliqués (section du Musée russe) de Saint-Pétersbourg le 30 novembre prochain. Un tel exemple de deux tableaux, représentants deux leaders politiques différents, peints par deux artistes différents sur chacun des deux côtés de la même toile est un cas unique dans l’histoire.

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Les fiançailles du tsarévitch Nicolas et de la princesse Victoria Alix de Hesse : “Alix” et “Nicky” un si grand amour

Publié le par Sophie Manno de Noto

Les fiançailles du tsarévitch Nicolas et de la princesse Victoria Alix de Hesse : “Alix” et “Nicky” un si grand amour

En 1884, le Grand-Duc Serge, oncle du futur Nicolas II, épouse la Princesse Elisabeth de Hesse-Darmstadt. La fiancée arrive à Saint-Pétersbourg, accompagnée de sa famille. Celle-ci a été décimée par la maladie : 2 des 6 frères et sœurs de la future mariée sont morts en bas âge, l’un d’hémophilie, et l’autre de la diphtérie, qui a également emportée leur mère, âgée de 35 ans. Le père de la mariée, Louis IV de Hesse, élèvera seul ses 5 enfants survivants. Le mariage du Grand-Duc Serge (1857-1905) avec Elisabeth de Hesse-Darmstadt (ci-dessus), est célébré le 15 juin 1884 dans la chapelle du Palais d’Hiver.

 

Parmi eux, la petite Alix, surnommée « Sunny » pour sa joie de vivre. Hélas, avec le décès de sa mère quand elle n’avait que 6 ans, le « rayon de soleil » a perdu sa gaieté, pour devenir une enfant triste et grave.

Et pourtant, en ce jour de 1884, le destin va la mettre en présence de celui qu’elle aimera passionnément toute sa vie : le Tsarévitch Nicolas de Russie. Le jeune prince répond à ses sentiments. Dans son journal, il écrit à la date du 31 mai 1884 : « la douce petite Alix et moi avons gravé nos noms sur la vitre de la petite maison italienne (nous nous aimons l’un l’autre) ». Pour l’heure, il ne saurait être question de mariage : Alix n’est âgée que de 12 ans, elle est de confession protestante, et les parents du Tsarévitch ne souhaitent pas qu’il épouse une princesse de Hesse : le mariage n’offre aucun intérêt politiquement parlant, et la famille de Hesse n’a apporté que des malheurs à la Russie : les 2 tsars qui ont choisi leur épouse dans cette famille, Paul Ier et Alexandre II, ont été assassinés.

Cependant, le mariage de Serge et d’Elisabeth ayant resserré les liens des deux familles, le jeune couple ne pouvait qu’être amené à se revoir. En 1889, Alix revient en Russie, pour rendre visite à sa sœur. Nicolas organise pour elle un bal au palais Alexandre à Tsarkoîe Selo. Le Tsarévitch nota dans son journal « je rêve d’épouser un jour Alix H. Je suis amoureux d’elle depuis longtemps, mais mon amour est devenu plus fort et plus profond depuis qu’elle a passé trois semaines à Saint-Pétersbourg. J’ai lutté pendant longtemps contre mes sentiments, mais j’espère qu’un jour mon rêve se réalisera ».

La Reine Victoria avec ses petites-filles, les Princesses Victoria, Elisabeth et Alix de Hesse. Leur maman, la Princesse Alice, vient juste de mourir. Alice était la seconde fille de Victoria.

La Reine Victoria avec ses petites-filles, les Princesses Victoria, Elisabeth et Alix de Hesse. Leur maman, la Princesse Alice, vient juste de mourir. Alice était la seconde fille de Victoria.

Alix de Hesse, vers 1890

Alix de Hesse, vers 1890

Portrait du futur Nicolas II (1894)

Portrait du futur Nicolas II (1894)

La princesse Alix de Hesse se préparant pour le bal donné en son honneur par Nicolas au Palais Alexandre

La princesse Alix de Hesse se préparant pour le bal donné en son honneur par Nicolas au Palais Alexandre

De nombreux obstacles vont se dresser sur le chemin des amoureux : la Reine Victoria, grand-mère d’Alix, essaye de la marier avec un autre de ses petits-fils, le Duc de Clarence. Alix refuse, expliquant à sa grand-mère qu’elle ne l’aime pas. La Reine, loin de se fâcher, éprouvera pour sa petite-fille une certaine admiration d’oser lui résister, ce que peu de gens, y compris son propre fils le Prince de Galles, avaient le courage de faire !

Côté russe, les choses ne vont pas mieux. Les parents de Nicolas, le Tsar Alexandre III et son épouse née princesse Dagmar de Danemark, se lancent dans une campagne de recherche d‘une épouse pour leur fils. Et la princesse Alix ne figure pas du tout sur leur liste de fiancées potentielles. En tête, la Princesse Hélène d’Orléans, fille du comte de Paris. Mais Nicolas ne voulut rien entendre, car Hélène ne lui plaisait nullement. Le cœur de Nicolas est déjà pris, par Alix bien entendu, mais également par la danseuse étoile Mathilde Ksessinskaya. Il est impensable qu’il l’épouse, mais le Tsar tolère cette liaison, en espérant que Mathilde lui fera oublier Alix. Peine perdue : le Tsarévitch, toujours plus amoureux d’Alix, échange avec elle une correspondance secrète, grâce à la complicité de sa tante par alliance Elisabeth, qui sert en quelque sorte de boîte aux lettres clandestine !

Aix de Hesse, vers 1892

Aix de Hesse, vers 1892

Autre obstacle à leur bonheur, Alix, profondément croyante, hésite à se convertir à l’orthodoxie. C’est une condition sine qua non pour épouser le futur tsarévitch.

Début 1894, la situation se précipite. Alexandre III tombe gravement malade et sur la demande de son fils, il accorde à Nicolas de demander la main de la jeune Alix. Mais la princesse allemande s’oppose toujours à se convertir à l’orthodoxie. Nicolas espère bien forcer le destin lors des quelques jours qu’il va passer en Allemagne à l’occasion du mariage du frère d’Alix, Ernst Ludwig avec la Princesse Victoria Melita de Saxe-Coburg et Gotha, fixé au 19 avril 1894.

Les jeunes mariés, Victoria Melita et Ernst Ludwig, en compagnie du futur couple impérial de Russie

Les jeunes mariés, Victoria Melita et Ernst Ludwig, en compagnie du futur couple impérial de Russie

“Seigneur, quelle journée!” écrit Nicolas, “Après le café, vers 10 heures, nous sommes allés chez tante Ella (Elisabeth Fedorovna) dans l’appartement d’Ernie (grand-duc Ernest-Louis de Hesse Darmstadt) et d’Alix. Elle (Alix) a remarquablement embelli, mais elle avait l’air triste. On nous laissa seuls et c’est alors que commença entre nous cet entretien que depuis longtemps je souhaitais et redoutais à la fois. Nous avons parlé jusqu’à midi, mais sans succès. Elle s’oppose toujours au changement de religion. La pauvre, elle a beaucoup pleuré. Elle était plus calme quand nous nous somme séparés.” Le lendemain, le 18 avril, nouvelle note attendrie dans le journal de Nicolas: “Alix est venue et nous avons encore eu un entretien. Mais j’ai moins touché à la question d’hier. C’est déjà bien beau qu’elle ait consenti à me voir et à me parler.” Mais l’amour profond qu’ils se portent sera plus fort que tout. Deux jours plus tard, le 20 avril, cri de victoire: “Jour merveilleux, inoubliable dans ma vie! C’est le jour de mes fiançailles avec ma chère, mon incomparable Alix… Nous nous sommes expliqués tous les deux (…). Quel fardeau m’a quitté ! J’ose à peine croire que j’ai une fiancée.”

Deux des portraits officiels des fiançailles du Tsarévitch avec Alix de Hesse

Deux des portraits officiels des fiançailles du Tsarévitch avec Alix de Hesse

Les fiançailles du tsarévitch Nicolas et de la princesse Victoria Alix de Hesse : “Alix” et “Nicky” un si grand amour

Alexandre III et Maria Feodorovna décident d’oublier leur prévention contre Alix. La Tsarine demande à sa future belle-fille de l’appeler chère Maman, et non « petite tante » comme il était d’usage à la Cour de Russie.

Fou amoureux, le tsarévitch couvrit sa fiancée de cadeaux. La bague de fiançailles a disparu aujourd’hui, mais grâce à une description de la baronne Buxhoeveden, nous savons qu’il s’agissait d’une perle rose. Alix reçut également un bracelet orné d’une énorme émeraude, et un collier de perles roses de 5 rangs.

Alexandre III quant à lui offrit à la princesse une broche en diamants et saphir. Quand la Reine Victoria vit tous ces joyaux, elle en fut stupéfaite et adjura sa petite-fille de ne pas se montrer trop fière.

Cadeau d’Alexandre III à sa future belle-fille : un saphir de 75 cts, entouré de 10 carats de diamants. La broche fut vendue en 1927 à Londres.

Cadeau d’Alexandre III à sa future belle-fille : un saphir de 75 cts, entouré de 10 carats de diamants. La broche fut vendue en 1927 à Londres.

Offerte par son futur époux, cette broche signée devient la favorite de la Tsarine Alexandra. Il est probable qu’elle l’ait emportée jusqu’à Ekaterinbourg. Selon certains historiens, le bijou fut retrouvé à moitié calciné après l’exécution de la famille impériale.

Offerte par son futur époux, cette broche signée devient la favorite de la Tsarine Alexandra. Il est probable qu’elle l’ait emportée jusqu’à Ekaterinbourg. Selon certains historiens, le bijou fut retrouvé à moitié calciné après l’exécution de la famille impériale.

 Alix reçut également une broche en or, ornée en son centre d ‘une aigue-marine de Sibérie entourée d’entrelacs en diamants, signée par Fabergé.

Lettre d’Alix à Nicolas, écrite au château de Windsor en date du 14 mai 1894. Elle commence par « mon précieux chéri, 1000 mercis pour ta très chère lettre, que j’ai reçue ce matin »

Lettre d’Alix à Nicolas, écrite au château de Windsor en date du 14 mai 1894. Elle commence par « mon précieux chéri, 1000 mercis pour ta très chère lettre, que j’ai reçue ce matin »

 A l’été 1894, Nicolas fit dévier le yacht impérial « l’étoile polaire » vers l’Angleterre, pour y retrouver sa chère Alix. Le bateau jeta l’ancre le 20 juin et les fiancés purent se retrouver chez les Princes de Battenberg, où ils passèrent 4 jours idylliques. Mais à partir du 24 juin, les amoureux furent les hôtes de la Reine Victoria, grand-mère d’Alix. La Reine, stricte sur le chapitre du chaperonnage, fit en sorte que les fiancés ne soient jamais seuls. Une véritable épreuve pour Nicolas et Alexandra!

Menu du diner donné par Victoria en l’honneur de sa petite-fille et du futur Nicolas II

Menu du diner donné par Victoria en l’honneur de sa petite-fille et du futur Nicolas II

Photo prise lors du séjour de Nicolas à Londres en 1894

Photo prise lors du séjour de Nicolas à Londres en 1894

D’autant plus qu’il faut se séparer à nouveau, puisque le Tsarévitch doit rentrer en Russie. Ils s’écrivent beaucoup en cet été 1894.

Extrait d’une lettre au tsarévitch : « J’ai rêvé que j’étais aimée. Je me suis réveillée et j’ai découvert que c’était vrai. J’en remercie Dieu. Le vrai amour, c’est le don envoyé par notre Dieu quotidiennement, il est de plus en plus fort, profond, étendu. Mon amour est en captivité, je lui ai donné des ailes. Il ne s’envolera plus, ne disparaitra plus. Dans nos cœurs unis chantera toujours l’amour. Je suis à toi et tu es mien. Tu es enfermé dans mon cœur, la clé est perdue, et tu es voué à y rester à jamais ».

Leur mariage est fixé à juin 1895. Mais comme bien souvent dans leur vie, rien ne va se dérouler comme prévu……

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15 mars 1917 : il y a 100 abdiquait Nicolas II – 5ème et dernière partie : le souvenir

Publié le par Sophie Manno de Noto

Après des années d’ostracisme et de calomnies, les Romanov reprennent aujourd’hui leur place dans l’histoire russe. Les initiatives se multiplient, pour rendre justice au Tsar martyr, et se souvenir de ces moments clé de 1917 en particulier.

“Le 2(15 mars) 1917 à 15 h 05 dans le wagon du train impérial stationné en gare de Pskov l’Empereur Nicolas II a abdiqué »

“Le 2(15 mars) 1917 à 15 h 05 dans le wagon du train impérial stationné en gare de Pskov l’Empereur Nicolas II a abdiqué »

Toujours à Pskov, sur la plaсe située en face de la gare, a été construite une église, consacrée en 2003, que les Russes désignent sous le nom de “Tsarskaya” (littéralement “l’impériale”).

Toujours à Pskov, sur la plaсe située en face de la gare, a été construite une église, consacrée en 2003, que les Russes désignent sous le nom de “Tsarskaya” (littéralement “l’impériale”).

La ville de Dno a également voulu se souvenir de son rôle dans les événements de mars 1917. Des écrits ont circulé, prétendant que l’abdication a été signée à Dno, ce qui est inexact. La municipalité a fait ériger une simple croix orthodoxe, ornée d’une plaque qui porte l’inscription “ cette croix a été installée le 13 mars 2007 en souvenir du séjour le 15 mars 1917 dans la gare de Dno du train impérial, et du Tsar martyr Nicolas II Alexandrovitch”

15 mars 1917 : il y a 100 abdiquait Nicolas II – 5ème et dernière partie : le souvenir
15 mars 1917 : il y a 100 abdiquait Nicolas II – 5ème et dernière partie : le souvenir
Affiche de l’exposition organisée à Pskov à partir du 2 mars 2017 pour commémorer l’abdication de Nicolas II

Affiche de l’exposition organisée à Pskov à partir du 2 mars 2017 pour commémorer l’abdication de Nicolas II

La Poste russe commémore le 100e anniversaire de la révolution, par l’émission d’un bloc de 4 timbres, dont l’un d’entre eux représente le manifeste de l’abdication de Nicolas II.

La Poste russe commémore le 100e anniversaire de la révolution, par l’émission d’un bloc de 4 timbres, dont l’un d’entre eux représente le manifeste de l’abdication de Nicolas II.

A Moguilev, une agence de voyage a créé un voyage thématique, qui sera commercialisé à partir du printemps 2017. Un acteur endosse le rôle de Nicolas II et invite les participants à visiter les lieux où l’Empereur aimait se promener. Le bâtiment de la Stavka n’existe plus aujourd’hui, ce qui réduit un peu l’intérêt historique de l’excursion.

Andrei Makaiev, guide et professeur d’histoire, emmène les touristes sur les pays de Nicolas II à Moguilev.

Andrei Makaiev, guide et professeur d’histoire, emmène les touristes sur les pays de Nicolas II à Moguilev.

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15 mars 1917 : il y a 100 abdiquait Nicolas II – 4ème partie : 15 et 16 mars 1917 : une, deux, trois abdications

Publié le par Sophie Manno de Noto

Après avoir lu les messages de ses généraux et entendu le rapport de Rousski, Nicolas II se résout à abdiquer en faveur de son fils. Ce laminage venu du pouvoir militaire lui a porté le coup de grâce. Et pourtant, son calvaire n’est pas encore terminé. Dans un premier temps, il signe un acte transmettant le pouvoir au Tsarévitch, en accord avec les lois régissant la monarchie russe. Mais la Douma va prendre une décision qui va tout changer : elle décide que deux députés, Goutchkov et Choulguine doivent être présent lors de la signature de l’acte, et le rapporter à Petrograd. Nicolas II devra les attendre pendant près de 6 heures.

 

A Petrograd justement, Alexandra, tenue dans l’ignorance de la situation à cause des coupures de communications, écrit une lettre à son mari :“tout est abominable et les événements arrivent à une vitesse colossale. Mais je crois fermement, et rien ne pourra m’en faire douter, que tout ira bien. Je ne sais où tu es. Il est clair que l’on ne veut pas que tu me voies avant que tu signes un papier quelconque, une constitution ou une autre horreur de ce genre. Et tu es seul, sans l’armée derrière toi, pris comme une souris dans un piège, que peux tu faire ?”

Ce que Nicolas II peut faire, c’est réfléchir. Or, ce père aimant s’interroge sur la capacité de son fils malade à régner. Il fait alors venir le docteur Fedorov et lui demande quelles sont les chances de guérison du Tsarévitch. Le médecin lui répond en toute franchise que le mal d’Alexis est incurable et qu’il devra toute sa vie s‘entourer d’extraordinaires précautions. Nicolas II redoute également d’être exilé, et de devoir laisser derrière lui son enfant, ou, même s’il est autorisé à rester en Russie, d’être séparé d’Alexis. Le Tsar va alors vivre des heures terribles, déchiré entre l’amour qu’il porte à son pays et celui qu’il porte à son fils si fragile.

le docteur Federov (2e en partant de la gauche) en compagnie du Tsarevitch Alexis

le docteur Federov (2e en partant de la gauche) en compagnie du Tsarevitch Alexis

Quand Choulguine et Goutchkov arrivent enfin à Pkov, il leur communique qu’il a décidé de renoncer au trône pour lui-même, mais également au nom de son fils, en faveur de son frère Michel. Les deux députés sont atterrés car ils saisissent les conséquences tragiques de la décision de Nicolas II.

Tout d’abord une telle décision pose un problème juridique. Le Tsar a-t-il le droit de renoncer au trône au nom de son fils ? La question n’est pas tranchée, mais l’essentiel n’est pas là. La Douma comptait « sur la personne du jeune Alexis Nikolaievitch pour assurer une transmission du pouvoir en douceur ». Cet enfant certes fragile, mais beau et innocent, suscite autour de lui un attendrissement qui rallie la grosse majorité des suffrages.

Au lieu de cela, le Tsar abdique en faveur de son frère Michel, qu’il a lui-même écarté de la succession en 1912, à cause de son mariage scandaleux. Mais Nicolas II reste inflexible, et signe le document modifié, dans lequel il renonce pour lui et son fils au trône de Russie.

Brouillon signé par Nicolas II de son abdication. Le texte fut rédigé par le diplomate Nicolas de Basilev, directeur de la chancellerie diplomatique de Nicolas II à la Stavka. 5 brouillons furent rédigés. Vasilev les conserva précieusement et à sa mort, sa veuve en fit don à la fondation Hoover, où ils se trouvent encore aujourd’hui.

Brouillon signé par Nicolas II de son abdication. Le texte fut rédigé par le diplomate Nicolas de Basilev, directeur de la chancellerie diplomatique de Nicolas II à la Stavka. 5 brouillons furent rédigés. Vasilev les conserva précieusement et à sa mort, sa veuve en fit don à la fondation Hoover, où ils se trouvent encore aujourd’hui.

Ultime élégance, Nicolas II avance l’heure de signature de l’acte d’abdication à 15h05, pour ne pas donner l’impression qu’il a signé sous la pression des Députés de la Douma. Même s‘il assume seul cette décision, le Tsar est un homme brisé. Dans son journal, il note : « à 1 heure du matin (le 16 mars) j’ai quitté Pskov. La tricherie, la lâcheté et la tromperie sont partout.”
 

Nicolas II remettant son acte d’abdication. De gauche à droite : le baron Fredericks, le Général Rousski (de dos), Choulguine, Goutchkov (qui tient l’acte dans sa main), le général Alexeiev.

Nicolas II remettant son acte d’abdication. De gauche à droite : le baron Fredericks, le Général Rousski (de dos), Choulguine, Goutchkov (qui tient l’acte dans sa main), le général Alexeiev.

Bureau du train impérial, sur lequel Nicolas II a signé son abdication

Bureau du train impérial, sur lequel Nicolas II a signé son abdication

 Malgré les problèmes et les désordres que traversait la Russie, la nouvelle de l’abdication du Tsar frappe le monde de stupeur et fait la Une des journaux du monde entier.

15 mars 1917 : il y a 100 abdiquait Nicolas II – 4ème partie : 15 et 16 mars 1917 : une, deux, trois abdications
 Le tsar a abdiqué ! Une du journal autrichien Kronen Zeitung. La caricature, qui suggère que le Tsar a subi d’importantes pressions pour abdiquer, correspond bien à la réalité des faits.

Le tsar a abdiqué ! Une du journal autrichien Kronen Zeitung. La caricature, qui suggère que le Tsar a subi d’importantes pressions pour abdiquer, correspond bien à la réalité des faits.

Incroyable nouvelle titre le journal anglais Daily Mirror

Incroyable nouvelle titre le journal anglais Daily Mirror

Les gazettes publient toutes la même nouvelle : Nicolas II a abdiqué en faveur de son fils, le tsarévitch Alexis. Celui-ci n’étant âgé que de 12 ans et demi (il est né le 12 août 1904), la régence est confiée au Grand-duc Michel Alexandrovitch, frère cadet de Nicolas II. Comme nous l’avons vu plus haut, cette information est fausse. Il est probable que la nouvelle de la double abdication du Tsar et de son fils ait paru si difficile à croire que les journaux ne l’ont pas publiée.

Pendant ce temps à Petrograd, Alexandra, pétrifiée, apprend l’abdication de Nicolas. Elle aussi refuse d’abord d’y croire, pensant à une invention des journaux. Elle pense déjà à la suite, écrivant à son mari « sur ma vie, je te jure que je te reverrai sur ton trône, porté par ton people et tes troupes pour la gloire de ton règne.”

Dans la nuit, le train arrive à Moguilev. Les cheminots ont prétexté l’encombrement des voies (probablement pour continuer leur stratégie d’empêcher le tsar de rejoindre sa capitale puisque l’abdication n’a pas encore été annoncée officiellement), mais la raison de cet ultime détournement est autre : l’ex-tsar veut rencontrer sa mère, qui arrive de Kiev. Voici le récit qu’en fit Sandro, beau-frère du désormais ex-Nicolas II, qui rejoignit l’Impératrice douairière et son fils à bord du train impérial, après l’entretien dont il ne connut jamais la teneur :  “Maria Feodorovna était assise et en sanglots. Lui était debout, sans bouger, regardant par terre et bien sur, fumant. Nous nous embrassâmes. Je ne savais quoi dire. Son calme attesta le fait qu’il pensait que sa décision était la bonne”.

La mère et le fils ne le savent pas encore, mais ils ne reverront jamais. Dans l’esprit de Nicolas II, il ne fait aucun doute que son frère Michel va régner car la charge de Tsar est d’origine divine et il n’appartient pas à l’homme de s’en désister, si grande fut son envie d’échapper à ce devoir sacré.

Dans la pratique, les faits sont moins catégoriques. Le Grand-Duc Michel a certes été héritier du trône de 1899, date de la mort de son frère aîné Georges, à 1904, date de la naissance d’Alexis. Mais depuis, le temps a passé et Michel a épousé en 1912 une femme deux fois divorcée, ce qui lui a valu les foudres du Tsar. Le couple a été banni de Russie et a vécu en France et en Angleterre. Michel a également été exclu de la succession au trône. Ceci explique que le Grand-Duc se soit désintéressé de la politique russe, même si Michel, dès la déclaration de guerre, a télégraphié son frère pour lui demander la permission de rentrer en Russie et d’être réintégré dans l’armée.

Le Grand-Duc Michel (1878-1918). Il fut arrêté et fusillé par les bolcheviks le 13 juin 1918. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Le Grand-Duc Michel (1878-1918). Il fut arrêté et fusillé par les bolcheviks le 13 juin 1918. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Nathalie Sheremetyevskaya (1880-1952). Elle rencontra et vécut une romance avec le Grand-Duc Michel alors qu’elle était encore mariée à son deuxième époux. Un fils Georges naquît de cet amour clandestin en 1910, ajoutant au scandale. Le couple se maria secrètement en 1912, et fut banni de Russie. Nathalie, qui réussit avec son fils à échapper aux bolcheviks, ignora longtemps la mort de Michel. Sa vie en exil fut très difficile, marquée par le drame de la mort de son fils à l’âge de 20 ans. Elle mourut dans la plus grande misère à Paris

Nathalie Sheremetyevskaya (1880-1952). Elle rencontra et vécut une romance avec le Grand-Duc Michel alors qu’elle était encore mariée à son deuxième époux. Un fils Georges naquît de cet amour clandestin en 1910, ajoutant au scandale. Le couple se maria secrètement en 1912, et fut banni de Russie. Nathalie, qui réussit avec son fils à échapper aux bolcheviks, ignora longtemps la mort de Michel. Sa vie en exil fut très difficile, marquée par le drame de la mort de son fils à l’âge de 20 ans. Elle mourut dans la plus grande misère à Paris

Mais en ce jour de mars 1917, Nicolas, en décidant de renoncer également au nom de son fils, n’a plus guère le choix que de confier la couronne à ce frère pour le moins hors norme.

Cependant, les membres du Comité provisoire se querellent, les uns tels Kerenski, plaidant pour l’abdication de Michel et par conséquent, la fin de la monarchie, les autres, au nombre desquels Goutchkov et Choulguine, pour la transmission du pouvoir au frère du Tsar déchu. On tombe cependant d’accord sur un point : il faut organiser une entrevue avec le nouveau souverain. Lequel tombe des nues en apprenant la nouvelle, à la fois de sa montée sur le trône, et dans la foulée de l’arrivée d’une délégation du gouvernement dans les heures à venir au Palais Poutiatine.

L’entretien avec le président de la Douma Rodzianko, le nouveau premier ministre le Prince Lvov, et d’autres ministres dont Kerensky et Miliukov dura toute la matinée. Kerensky tenta de la convaincre que s’il accepte le trône contre la volonté du peuple, il va déclencher des forces révolutionnaires que rien ne pourra arrêter. Le camp monarchiste au contraire fit valoir l’argument que la monarchie est le ciment de la Russie et qu’y renoncer signifie s’engager dans une voie incertaine, dont rien de bon ne sortira. Sans oublier l’aspect sacré de la charge, à laquelle Michel n’a pas le droit de renoncer.

Pour le nouveau Souverain, la situation est presque inextricable. En ce 16 mars 1917, la légitimité du nouveau gouvernement provisoire n’est pas clairement établie. Pas plus que la validité juridique de la renonciation de Nicolas II au nom de son fils. En d’autres termes, Michel n’est pas certain d’être juridiquement le nouveau tsar de Russie. Il rédige alors un manifeste qui n’est pas, comme on l’a souvent écrit, une abdication, mais une acceptation du pouvoir sous condition : « un lourd fardeau m’a été imposé par la volonté de mon frère qui m’a transféré le trône impérial de toutes les Russies dans cette période de guerre totale et de désordre national. Inspiré par la pensée partagée par toute une nation que le bien du pays passe avant tout, je suis fermement résolu à n’assumer le pouvoir que si telle est la volonté de notre grand peuple, qui doit désormais au suffrage universel et par l’intermédiaire de l’Assemblée constituante établir une forme de gouvernement et de nouvelles lois fondamentales de l’État russe ». Malheureusement, ces élections n’auront jamais lieu et le double pouvoir Soviet/Assemblée constituante se solda rapidement par un rapport de force à l’avantage du premier. Clairvoyant sur ce qui allait se passer, le Grand-Duc insiste sur le caractère secret, général et libre des élections à venir. ..

Manifeste du Grand-Duc Michel. Même s’il ne s’agit pas d’une abdication, cet acte mit cependant fin au pouvoir monarchique en Russie

Manifeste du Grand-Duc Michel. Même s’il ne s’agit pas d’une abdication, cet acte mit cependant fin au pouvoir monarchique en Russie

Quand il apprend la nouvelle de la renonciation de son frère, l’ex-Nicolas II le blâme de ne pas avoir accepté la couronne et de laisser la Russie sans souverain. « Michel n’aurait pas dû faire cela. Je me demande qui a pu lui donner un si étrange conseil ».  Le Grand-Duc Alexandre, dit Sandro, écrira dans ses mémoires que la Russie était désormais « entre les mains d’une bande de réservistes ivres, et d’ouvriers révoltés ».

Pour les Romanov, une période tragique commençait : Nicolas II et Alexandra furent immédiatement arrêtés. Au total, 17 membres de la famille périrent lors de la révolution.

Caricature accompagnée de la mention « qui veut s’asseoir sur le trône » ?

Caricature accompagnée de la mention « qui veut s’asseoir sur le trône » ?

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15 mars 1917 : il y a 100 ans Nicolas II abdiquait – 3ème partie : l’aventure du retour de l’empereur où comment un train bloqué a changé le cours de l’Histoire (13-15 mars)

Publié le par Sophie Manno de Noto

Le Grand-Duc Michel adresse un message à son frère Nicolas II, lui demandant de rentrer d’urgence. Cette fois, le Tsar a compris : il se met en route pour rentrer dans sa capitale. Mais à l’aube, le convoi est bloqué car 2 compagnies révoltées ont coupé la voie. Une première tentative de détournement du train vers Polotsk échoue. Mais la seconde, vers Pskov sera la bonne. Pskov où se trouve le Etat Major armée du Nord du général Rousski.

Carte ferroviaire russe. Dno (sur la carte, gare dessinée en vert) se trouve au croisement de deux axes ferroviaires majeurs. Le train de Nicolas II partit de Moguilev (à droite, rond jaune le plus bas sur la carte). Les cheminots tentèrent, sans succès, de couper la voie pour envoyer le train à Polotsk (à gauche en jaune sur la carte) mais la tentative échoua. Nicolas fut dévié à Dno, vers Pskov (en jaune, à gauche sur la carte), alors que depuis Dno, il aurait dû continuer tout droit vers Saint-Pétersbourg (rond jaune le plus haut sur la carte).

Carte ferroviaire russe. Dno (sur la carte, gare dessinée en vert) se trouve au croisement de deux axes ferroviaires majeurs. Le train de Nicolas II partit de Moguilev (à droite, rond jaune le plus bas sur la carte). Les cheminots tentèrent, sans succès, de couper la voie pour envoyer le train à Polotsk (à gauche en jaune sur la carte) mais la tentative échoua. Nicolas fut dévié à Dno, vers Pskov (en jaune, à gauche sur la carte), alors que depuis Dno, il aurait dû continuer tout droit vers Saint-Pétersbourg (rond jaune le plus haut sur la carte).

A leur tour, les cheminots trahissent le Tsar. Télégramme ordonnant d’arrêter le train impérial à Dno (archives de la compagnie nationale russe des chemins de fer)

A leur tour, les cheminots trahissent le Tsar. Télégramme ordonnant d’arrêter le train impérial à Dno (archives de la compagnie nationale russe des chemins de fer)

Ivan Ivanovitch, l’un des membres du groupe des cheminots révoltés, qui ont arrêté le train du Tsar.

Ivan Ivanovitch, l’un des membres du groupe des cheminots révoltés, qui ont arrêté le train du Tsar.

Nicolas se trouve désormais selon ses propres termes « complètement seul, sans conseiller proche, privé de liberté, comme un criminel acculé » et surtout, soumis aux pressions des généraux, dont il reste pourtant le chef en théorie, mais qui veulent se débarrasser de lui en le poussant à abdiquer. Le bras droit de Nicolas II à la Stavka, le Général Alexeiev, s’assure du ralliement de tous les états-majors à la cause de l’abdication du Tsar et fait pression du Rousski, qui se trouve à Pskov auprès du Souverain.

Le Grand-Duc Nicolas, que Nicolas II avait remplacé à la tête des armées en 1915 se joint au mouvement et écrit au Tsar : “Moi en qualité de loyal sujet je crois, selon l’esprit de mon serment d’allégeance, de prier à genou Votre majesté Impériale de sauver la Russie et votre héritier, en connaissant Votre grand amour pour la Russie et lui. Faites le signe de croix et transmettez lui votre succession. Il n’y a pas d’autres moyens”.

Le 14 mars 1917, Nicolas II rédige un manifeste qui accorde la responsabilité du gouvernement devant la Douma. Hélas, à un jour près, il est trop tard, puisque la Douma et le Soviet d’ouvriers ont pris le pouvoir la veille. Le manifeste ne sortira pas du train.

Traduction du manifeste rédigé par Nicolas II le 1er mars 1917 en calendrier julien (14 mars selon le calendrier occidental). Il y annonce la création, après la fin de la guerre, d’un gouvernement responsable devant la Douma

Traduction du manifeste rédigé par Nicolas II le 1er mars 1917 en calendrier julien (14 mars selon le calendrier occidental). Il y annonce la création, après la fin de la guerre, d’un gouvernement responsable devant la Douma

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15 mars 1917 : il y a 100 ans abdiquait Nicolas II – 2ème partie : les 5 jours qui ont balayé la monarchie

Publié le par Sophie Manno de Noto

le tsar à la Stava (quartier général de l'armée russe) à Moguilev en août 1915

le tsar à la Stava (quartier général de l'armée russe) à Moguilev en août 1915

Quand Nicolas II quite Tsarkoie Selo le 7 mars 1917 pour se rendre à la Stavka, il est loin de se douter que ses jours en tant que souverain sont comptés. A y regarder de près son analyse n’est pas entièrement fausse. Le peuple le considère certes comme un souverain malchanceux, mais ne le hait pas. C’est l’impératrice qui cristallise toutes les haines. Quant à la ville de Petrograd (nouveau nom de Saint-Pétersbourg, capitale de la Russie à l’époque), elle est certes agitée mais les mouvements sont désorganisés et leurs chefs potentiels encore en exil. Ce sont les apprentis sorciers monarchistes qui vont pousser Nicolas II à l’abdication pour espérer accroitre leur pouvoir.

 

Le Ministre de l’intérieur Protopopov a assuré au Tsar que la situation dans la capitale est sous contrôle, ce qui est vrai au 7 mars. Une garnison de près de 100 000 hommes protège la ville. Le Quartier Général est situé à Moguilev (aujourd’hui en Biélorussie), à quelques 600 km de Petrograd. Cet éloignement du Tsar de sa capitale va peser très lourd dans la suite des événements.

Jusqu’alors, le QG de l’armée russe étai situé à Baranavitchy (Biélorussie) mais fut déplacé à Moguilev, toujours en Biélorussie mais 330 km plus à l’est, en aout 1915 en raison de l’avancée des troupes allemandes. Précaution utile car ville tombera au main des Allemands le 25 juillet 1916.

A la Douma par contre, les députés s’agitent et des discours hostiles à la monarchie, demandant son renversement, s’élèvent dans l’enceinte.

L’impératrice de son côté, analyse justement la situation : les émeutes sont avant tout provoquées par les problèmes de ravitaillement et la hausse des prix. Elle tente de remédier à la situation, en proposant de réquisitionner les boulangeries militaires pour faire du pain, ou en accordant la priorité aux convois de vivres sur tous les autres trains. L’hiver rigoureux cette année là complique la situation : la neige bloque les camions de ravitaillement.

Bien que disposant de forces de répression importante, le pouvoir hésite à les mettre en oeuvre de peur de transformer l’émeute en révolution. L’Impératrice en particulier insiste sur le fait qu’il ne faut en aucun cas tirer sur la foule.

Cependant, les émeutes continuent. Les forces ordre sont dépassées, leurs commandements incompétents et quant aux réservistes de la garde ce sont essentiellement paysans, dont la formation militaire est rudimentaire et qui surtout, manquent de motivation. La première chose qu’ils vont faire, c’est de fraterniser avec les grévistes.

Le 10 mars, Nicolas II, depuis son QG de Moguilev, ordonne au général Kabalov de rétablir l’ordre, en autorisant l’usage de la force. “je vous ordonne de rétablir l’ordre dans la capitale. Ces désordres sont inacceptables à l’heure d’une guerre difficile contre l’Allemagne et l’Autriche”.

Kabalov fait placarder un manifeste dans les rues de Petrograd, qui interdit tout rassemblement et informe les éventuels contrevenants que l’armée ouvrira le feu. Malgré cette interdiction, la foule retourne plus nombreuse dans les rues et l’armée ouvre le feu sur la Perspektive Nevsky.

Serguei Kabalov (1858-1924). Chef du district militaire de Petrograd

Serguei Kabalov (1858-1924). Chef du district militaire de Petrograd

Le 11 mars au soir, les soldats de la 4e compagnie réserviste du régiment Pavlovski se mutinent et fraternisent avec les ouvriers en grève. Rodzianko télégraphie au Tsar “La situation est grave. La capitale est en proie à l’anarchie. Le gouvernement est paralysé. Le transport de la nourriture et du carburant sont complètement désorganisés. Une partie des troupes tirent l’autre. Vous devez immédiatement confier la formation d’un nouveau gouvernement à une personne qui jouit de la confiance de peuple. Toute procrastination serait fatale »

A 600 kilomètres de là, Nicolas II ne se rend pas compte de la gravité de la situation. Quant il le reçoit, il pense que son ministre exagère et s’exclame « encore des bêtises du gros Rodzianko ! ».

A Petrograd, la situation se dégrade d’heure en heure avec les réservistes du régiment Volinsky qui se soulèvent, rejoints par d’autres unités et même par les réservistes du légendaire régiment Preobrajenski.

Télégramme de Rodzianko daté du 26 février (11 mars) adressé à Nicolas II, pour l’informer des événements en cours dans la ville de Petrograd.

Télégramme de Rodzianko daté du 26 février (11 mars) adressé à Nicolas II, pour l’informer des événements en cours dans la ville de Petrograd.

Malheureusement pour le Tsar, les télégraphistes qui lui transmettaient les dépêches dans son train étaient passés du côté des révoltés, qui reçurent ainsi, des informations de première main sur la situation dans la capitale.

12 mars 1917 : les émeutiers brûlent les symboles monarchistes

12 mars 1917 : les émeutiers brûlent les symboles monarchistes

La foule, sans chef, converge vers la Douma qu’elle considère comme le pouvoir légitime. Les députes, qui ont reçu du Tsar l’ordre de dissoudre l’assemblée, refusent de s’y plier. Cependant, leur rébellion ne va pas jusqu’à la prise du pouvoir. Mais face à la foule qui a envahi l’hémicycle, Rodzianko cède et fait élire un comité provisoire qui comprend, outre lui-même, Choulguine, le Prince Lvov, Kerensky. Pour ajouter à la confusion, un deuxième organe de pouvoir est créé… au même endroit, un soviet d’ouvriers et de soldats; Kerensky dira “ deux Russie s’installèrent côte à côte, celle des classes dirigeantes qui avaient déjà perdu la partie mais n’en savait rien, et le Russie du travail qui avançait vers le pouvoir mais ne le soupçonnait pas”. Au soir du 13 mars, il existe en Russie un souverain, deux pouvoirs, mais personne ne sait encore d’où va surgir le prochain gouvernement.

13 mars 1917 : la foule envahit la Douma. Selon des témoignages d’époque, les députés se demandaient si la foule allait les lyncher, ou leur demander de collaborer avec eux

13 mars 1917 : la foule envahit la Douma. Selon des témoignages d’époque, les députés se demandaient si la foule allait les lyncher, ou leur demander de collaborer avec eux

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15 mars 1917 : il y a 100 ans abdiquait Nicolas II : 1ère partie chronique d’un désastre

Publié le par Sophie Manno de Noto

15 mars 1917 : il y a 100 ans abdiquait Nicolas II : 1ère partie chronique d’un désastre

En février 1917, le tsar est sur le front quand il reçoit la nouvelle de l’insurrection qui secoue la capitale, Petrograd. Une série d’événements improbables va conduire le souverain désemparé à se déposséder de sa couronne. (NB : pour des raisons de facilité de lecture, les dates sont traduites en calendrier occidental.)

 

Au commencement de 1917, recevant en audience Mikhaïl Rodzianko, président de la Douma, le tsar Nicolas II lui fait cet incroyable aveu de faiblesse : « Je me suis efforcé pendant vingt-deux ans de faire pour le mieux ; me serais-je tout le temps trompé ? » Le fait est que son règne, commencé en 1894, a connu bien des déboires, dont la désastreuse guerre de 1905 contre le Japon et la révolution consécutive, alors noyée dans le sang.

Comble de malheur : le seul fils du couple impérial, le Tsarévitch Alexis, est atteint d’hémophilie. C’est pour tenter de résister à cette malédiction que le Tsar et, plus encore, son épouse ont fait entrer dans leur intimité le mage Raspoutine, dont les pouvoirs de guérisseur soulagent le Tsarévitch, mais dont l’influence politique grandissante, voire envahissante, dégrade l’image de la monarchie

Mikhail V. Rodzianko (1859-1924, Président de la Douma)

Mikhail V. Rodzianko (1859-1924, Président de la Douma)

Ses relations avec le couple impérial furent difficiles : il commandita une enquête sur les agissements de Raspoutine et s’opposa à toute intervention de la tsarine dans les affaires politiques de l’Etat. Il proposa de l’envoyer en exil en Crimée jusqu’à la fin de la guerre. Il désapprouva également la décision de Nicolas II de prendre le commandement de l’armée, et critique certains Ministres qu’il jugeait incompétents.

Le 21 août 1915, Nicolas II prend une décision lourde de conséquences : il démet son oncle le Grand-Duc Nicolas Nicolaevitch du commandement suprême de l’armée, qu’il assumera à sa place.

Grand-Duc Nicolas Nikolaievitch (1856-1929)

Grand-Duc Nicolas Nikolaievitch (1856-1929)

Après avoir été écarté du commandement suprême de l’armée, il prit le commandement de l’armée du Caucase. Respecté par ses hommes, aussi bien que par les personnalités politiques occidentales, il fut pressenti pour succéder à Nicolas II en tant que Tsar. Il refusa, estimant qu’en acceptant, il violerait son serment de fidélité au Tsar.

En agissant ainsi, Nicolas II commet une double erreur. La première, c’est que les défaites de son armée lui seront directement imputées. Même si sous son commandement, l’armée russe remporte des succès, tels l’offensive Brussilov en juin 1916, la population exsangue, et lassée par cette guerre dont on ne voit pas la fin, va rendre son Tsar responsable de la situation. Nicolas est réputé avoir le mauvais oeil, élément non négligeable chez un people superstitieux. La seconde, en effectuant ce qu’il pensait être son devoir le plus sacré, à savoir partager la vie de ceux qui se battaient et mourraient pour la patrie, le Tsar s’est retire du jeu politique au moment où le bloc progressiste de la Douma, présidé par Rodzianko proposait une transition vers un système monarchique constitutionnel qui aurait pu sauver la monarchie russe.

Nicolas II, parti au front, laisse la politique intérieure entre les mains d’Alexandra. Cette mère tremblant pour la vie de son fils hémophile (maladie qui à l’époque équivalait à une condamnation à mort, avec une espérance de vie d’environ 20 années), est sous l’influence de Raspoutine. La Tsarine est impopulaire, en raison tout à la fois de ses origines allemandes (et pourtant, en tant que petite-fille de Victoria, elle se considère bien plus anglaise que germanique), de sa timidité qui la fait paraître compassée, voire rigide en public, et de l’influence que Raspoutine avait sur elle.

Entre septembre 1915 et février 1917, sous la régence d’Alexandra, la Russie eut 4 premiers Ministres, 5 ministres de l’intérieur, 3 ministres des Affaires étrangères, de la guerre, du transport et 4 de l’agriculture. La politique incessante de nomination et de renvois des Ministres et des cadres de l’administration désorganise le pays. Le people a l’impression de n’être plus gouverné que par un couple “infernal” Alexandra/Raspoutine.

Caricature de l’influence de Raspoutine sur le couple impérial, 1916

Caricature de l’influence de Raspoutine sur le couple impérial, 1916

Et pourtant, à y regarder de près, la situation de la Russie n’est pas aussi catastrophique qu’il y parait en 1916: l’armée remporte des victoires, le front est stabilisé, l’opposition est désorganisée, Lénine est encore un illustre inconnu, et le peuple soutient encore majoritairement Nicolas II.

En décembre 1916, l’assassinat de Raspoutine choque profondément les convictions religieuses de Nicolas II, pour qui tout meurtre est moralement inacceptable. Le fait que des membres de la famille impériale y soient mêlés le navre encore plus. Quand il décide de punir les coupables, le Grand Duc Dimitri et le Prince Félix Youssoupov, son neveu par alliance, il se heurte à une fronde familiale, qui lui enjoint de n’en rien faire. Confronté à une perte de son autorité politique, contesté y compris au sein de sa propre famille, Nicolas II se sent trahi et sombre dans un état proche de la dépression.

Prince Felix Youssoupov (1887-1967)

Prince Felix Youssoupov (1887-1967)

Et de fait, dans la famille impériale, les complots se multiplient, pour certains en collaboration avec la Douma : abdication du Tsar sous la régence du Grand-Duc Dimitri, à qui son rôle dans l’assassinat de Raspoutine a valu une soudaine popularité au Grand-Duc Michel frère du Tsar, exil d’Alexandra en Crimée dans un couvent. A ce stade, personne n’envisage la proclamation de la république.

Le Grand-Duc Dimitri (1891-1941)

Le Grand-Duc Dimitri (1891-1941)

Par ailleurs Nicolas II affirme à plusieurs Ministres, dont son premier Ministre le Prince Galitsine, qu’il va aller à la Douma avant de repartir pour son Quartier Général la « Stavka » , pour annoncer la formation d’un gouvernement responsable devant elle. C’est une mesure que les députés réclament depuis longtemps. En d’autres termes, ce serait la fin de l’autocratie.

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12 août 1917 : le dernier anniversaire du tsarévitch Alexis

Publié le par Sophie Manno de Noto

12 août 1917 : le dernier anniversaire du tsarévitch Alexis

Il y a 100 ans, le 12 aout 1917, le Tsarévitch Alexis fêtait son dernier anniversaire. Maladie, trahison, effondrement de son monde, adolescence en captivité puis exécution sauvage : la vie du dernier Tsarévitch de Russie fut une succession d’épreuves. Et pourtant, tout avait si bien commencé. Né le 12 aout 1904 à Peterhof, ardemment désiré, le Tsarévitch Alexis voit le jour après 4 filles. Pour ses parents Nicolas II et Alexandra, c’est une immense joie d’avoir enfin un fils, après 10 ans d’attente. Le canon tonne 301 fois. Tout l’empire est en liesse pour la naissance de l’héritier tant attendu.

12 août 1917 : le dernier anniversaire du tsarévitch Alexis
Baptême d’Alexis

Baptême d’Alexis

Le petit garçon reçoit les plus hautes décorations de l’Empire, et est nommé commandant en chef des cosaques de l’Oural.

Tasse à l’effigie du Tsarévitch en uniforme des cosaques

Tasse à l’effigie du Tsarévitch en uniforme des cosaques

Mais la joie sera de courte durée : 5 semaines après la naissance d’Alexis, le verdict tombe : le nouveau-né est hémophile. Pour ses parents, le monde s’effondre. A l’époque, l’hémophile ne se soigne pas. Etre atteint par cette maladie signifie être condamné à mort, à brève échéance. L’impératrice perd toute joie de vivre ; sa santé physique et mentale s’en trouve affectée; D’autant plus qu’elle sait que c’est elle qui a transmis la maladie à son fils.

Pour Alexis, toute son existence sera marquée par un combat entre l’envie de vivre et de s’amuser comme les autres enfants, et les précautions exigées par sa maladie.Kolia Derevenko, fils d’un des médecins de la Cour, veille sur lui en permanence.

Derevenko et Alexis

Derevenko et Alexis

12 août 1917 : le dernier anniversaire du tsarévitch Alexis
Rare photo d’Alexis en vélo. Ce type d’activité lui est interdit. Mais un compromis a été trouvé : un engina trois roues, minimisant le risque de chute.

Rare photo d’Alexis en vélo. Ce type d’activité lui est interdit. Mais un compromis a été trouvé : un engina trois roues, minimisant le risque de chute.

Le petit garçon lui-même ne se faisait guère d’illusions sur son état de santé. Dans une lettre, il écrit à sa mère : “Maman, quand je serai mort,  il ne faudra pas que tu oublies de mettre un petit monument sur ma tombe”.

Et pourtant, Alexis n’était pas un enfant triste. Il était espiègle, et aimait volontiers faire des farces. Par exemple, lors d’un dîner formel, le tsarévitch enleva la chaussure d’une femme sous la table, et la montra à son père. Nicolas II le gronda sévèrement et lui ordonna de rendre son ” trophée “. Ce que fit Alexis, mais non sans avoir auparavant… placé une fraise bien mûre dans la chaussure de sa victime !

Malheureusement, ces moments de gaieté se faisaient rare. La maladie d’Alexis pesait lourdement sur la vie de la famille impériale, l’angoisse devenant un cauchemar permanent. D’après des analyses menées en 2009, le tsarévitch était atteint d’hémophilie de type B, plus rare et plus difficile à soigner. La moindre égratignure pouvait provoquer un drame. Le type B se caractérise également par des hémorragies internes, en particulier, au niveau des articulations, entrainant chez le malade des douleurs intenses et difficiles à soulager.

  Extrait du film Raspoutine avec Gérard Depardieu dans le rôle du guérisseur.

Extrait du film Raspoutine avec Gérard Depardieu dans le rôle du guérisseur.

En 1907, quand apparaît Raspoutine, Alexandra et Nicolas, désespérés, voient en lui un envoyé de Dieu pour sauver leur fils.  Il convient de souligner que Raspoutine fut le seul qui parvint à soulager les douleurs et les hémorragies du tsarévitch. En partie parce qu’il jeta au feu l’aspirine administrée à son petit malade, qui a pour effet secondaire de liquéfier le sang, mais aussi parce qu’il possédait une connaissance certaine des plantes médicinales de sa Sibérie natale, ajouté à un don réel de guérisseur.

Les bonheurs familiaux seront les seules joies de l’existence d’Alexis. Ses parents, Nicolas II et Alexandra sont unis par un amour profond et inconditionnel. Ce sont des parents attentifs et aimants pour les 5 enfants. Le petit Alexis est choyé par ses 4 soeurs, qui lui vouent une tendresse inquiète et une attention de tous les instants. Peut-être trop d’ailleurs.

Alexis, à gauche sur la photo, avec ses 4 soeurs. 1906

Alexis, à gauche sur la photo, avec ses 4 soeurs. 1906

Alexis dans les bras de sa mère l’Impératrice Alexandra

Alexis dans les bras de sa mère l’Impératrice Alexandra

Selon Pierre Gilliard, son professeur de français et précepteur, ” Alexis était un enfant simple, affectueux mais son environnement lui gâchait la personnalité par la ” flatterie servile ” des fonctionnaires et ” les stupides ” adulations des gens autour de lui.

Bien qu’intelligent et affectueux, son éducation a été fréquemment interrompue par des épisodes de l’hémophilie ce qui n’empêcha pas d’en faire un être cultivé et bien éduqué. Ses parents refusaient et ne supportaient pas l’idée de devoir le discipliner et en conséquence, il sera, durant toute une période de son enfance, colérique et difficile.

Alexis et son professeur de langue russe

Alexis et son professeur de langue russe

Exercices d’anglais du Tsarevitch

Exercices d’anglais du Tsarevitch

En 1912, c’est le drame. La famille impériale séjourne à Spala (Pologne actuelle). En prenant un bain, Alexis glisse et tombe de la baignoire sur le sol. Il se blesse à la cuisse et aux genoux. Le docteur Botkine, médecin de la famille impériale, ne le quitte pas un instant. Le petit garçon souffre beaucoup, mais parait se remettre. Pensant qu’il allait mieux, sa mère lui fit faire une promenade en calèche. Le chemin fut vallonné, trop vallonné et la calèche fut soulevée de quelques centimètres du sol. Le choc fut violent et Alexis perdit connaissance dans les bras de sa mère. Son genou était inondé de sang et bientôt le siège de la calèche aussi. C’est en tout hâte que Alexandra fait ramener son fils au palais local. Quelques heures plus tard, l’état a empiré… Ses deux genoux, ses cuisses sont gonflées par des hémorragies internes et externes, on doit l’envelopper dans des draps pour empêcher le sang de couler. Les cris résonnent à travers le palais. Les médecins sont impuissants devant l’ampleur de l’attaque.La fièvre monte et la famille impériale s’attend au pire. Un prêtre est appelé pour donner les derniers sacrements à Alexis.

Nicolas II raconte ces jours terribles d’octobre 1912  dans une lettre à sa mère : “les jours du 6 au 10 octobre ont été les plus difficiles. Le pauvre enfant souffrait énormément, les douleurs le torturaient avec des spasmes répétés presque tous les quarts d’heure. En raison de sa forte température, il délirait jour et nuit. S’il asseyait dans son lit, le mouvement lui faisait immédiatement mal. Il pouvait à peine dormir ou même pleurer et murmurait seulement “Dieu, ayez pitié

Tableau de Paval Rizenkho, Alexis veillé par ses parents lors d’une crise d’hémophilie

Tableau de Paval Rizenkho, Alexis veillé par ses parents lors d’une crise d’hémophilie

Devant la gravité de la situation, Nicolas II autorise pour la première fois à briser le silence qui entoure la maladie de son fils; le 8 octobre 1912, un communiqué official rend publique la maladie du tsarévitch.

Dans une tentative désespérée de sauver son fils, Alexandra fait envoyer un télégramme à Raspoutine qui lui répond aussi vite ” Dieu a vu tes larmes et entendu vos prières. Ne t’afflige pas. Le Petit ne mourra pas. Ne laissez pas les médecins trop le déranger “.  Et les médecins, stupéfaits, doivent reconnaître que la crise est passée. Pour l’Impératrice, le miracle ne fait aucun doute. Raspoutine a guéri son fils à distance, par un simple télégramme. A partir de ce moment là; l’influence du guérisseur devient sans limite.

A l’aube de l’adolescence, la personnalité d’Alexis change et évolue, il devient un garçon particulièrement aimable, empathique, attentif, respectueux, anti-protocolaire et surtout, un russophile.

Son père commence à l’initier à son future rôle, en le conviant à des réunions avec des ministres, et en l’emmenant avec lui lors des tournées d’inspection de l’armée. Le jeune Alexis prend gout très tôt à l’armée, partageant la vie des soldats, refusant qu’on lui serve une meilleure ration que la troupe et se montrant strict en matière de discipline militaire. En 1916, Alexeï reçoit le titre de caporal de l’armée impériale en raison de son comportement jugé très mature, courageux et patriotique. Il en est très fier et dès lors, il vient inspecter tous les matins les troupes et vérifier si leurs boutons de chemise étaient bien fermés et lorsque ce n’était pas le cas, il disait ” Vous êtes encore désordonné ! “, il se faisait un plaisir de le faire de ses propres mains. Alexis a également été l’un des premiers scouts de Russie.

Alexis en uniforme de caporal, 1916

Alexis en uniforme de caporal, 1916

Lettre du tsarévitch à sa mère. Sur l’enveloppe, il a écrit “à ma maman” et lui adresse de voeux pour qu’elle dorme bien et que le Ciel la protège.

Lettre du tsarévitch à sa mère. Sur l’enveloppe, il a écrit “à ma maman” et lui adresse de voeux pour qu’elle dorme bien et que le Ciel la protège.

En 1917, le monde d’Alexis s’effondre. Son père abdique et lui-même ne sera jamais Tsar. Quand son précepteur de français, Pierre Gilliard, vient lui annoncer la nouvelle, il le fixa avec stupeur et répondit “mais alors, qui va gouverner la Russie ? » Pour l’adolescent, voir son père recevoir des ordres sur un ton sec de la part de simples soldats est un choc. Dans la confusion générale, le marin Derevenko qu’Alexis considérait comme un proche et à qui il avait accordé son affection l’abandonne.

Quelques jours après l’abdication, les 5 enfants impériaux attrapent la rougeole. Comme ils perdent leurs cheveux, l’Impératrice leur fait raser la tâte pour que leur chevelure repousse plus vite

Les 5 enfants impériaux pendant leur captivité. Alexis est le 3e à partir de la gauche.

Les 5 enfants impériaux pendant leur captivité. Alexis est le 3e à partir de la gauche.

Maison du gouverneur de Tobolsk, prison de la famille impériale d’aout 1917 à août 1918. Une palissade fut dressée, pour empêcher les habitants de voir les Romanov. Sous-alimentés, ils durent leur salut aux soeurs du couvent voisin, qui leu faisait passer quelques produits de base comme du lait et des oeufs.

Maison du gouverneur de Tobolsk, prison de la famille impériale d’aout 1917 à août 1918. Une palissade fut dressée, pour empêcher les habitants de voir les Romanov. Sous-alimentés, ils durent leur salut aux soeurs du couvent voisin, qui leu faisait passer quelques produits de base comme du lait et des oeufs.

Puis, la famille est transférée à Tobolsk, dans l’Oural. Alexis s’y ennuie profondément,  y subit les vexations et la grossièreté des soldats chargés de la garde. Pourtant, il n’hésite pas à protester, quand il estime que ceux-ci dépassent les bornes avec ses soeurs.

A l’hiver 1917, il se blesse à l’aîne, ce qui l’empêche de marcher. La lumière n’a jamais été faite sur cet événement. Aujourd’hui, les historiens russes estiment que la blessure résulte soit de coups donnés par les gardes, soit d’une tentative de suicide.

Le 15 avril 1918, Tobolsk tombe aux mains des bolcheviks. Le sort des Romanovs redevient au devant de l’actualité. Lénine ne veut pas de procès, et souhaite l’exécution non seulement de Nicolas II et de sa famille, mais aussi d’une centaine de Romanovs.

Le 2 mai 1918, les bolcheviks décident le transfert des Romanovs à Ekaterinbourg. Mais Alexis, trop malade, ne peut les accompagner. Il reste à Tobosk, en compagnie de 3 de ses soeurs, tandis que Maria accompagne ses parents.

Ce n’est qu’un mois plus tard, bien que Alexis soit toujours dans un état de santé instable, qu’ils partent pour Ekaterinbourg.. Le transfert se fait sur le bateau “Rus” et est un vrai calvaire pour le jeune homme et ses soeurs. Ils sont enfermés dans leurs cabines et ne peuvent même pas se rendre aux toilettes. Le garde du corps, Nagorny proteste: ” Quel culot ! Un enfant malade ! ” En prenant ainsi la défense d’Alexis, il a signé son arrêt de mort. Il sera débarqué et assassiné d’une balle dans la tête par la police secrète des bolcheviques, nouvellement formée. Il est ainsi tué pour ” acte de complaisance ” envers un ” reste de l’ancien régime “.

Dernière photo connue d’Alexis, en compagnie de sa soeur Olga

Dernière photo connue d’Alexis, en compagnie de sa soeur Olga

C’est au mois de mai 1918 qu’Alexis et ses sœurs arrivent à Ekaterinbourg, capitale de l’Oural et cœur du bolchevisme régional, ils sont emmenés à la villa Ipatiev qui est renommée ” Maison à destination spéciale “. De hautes palissades de trois mètres de hauts sont élevées tout autour de la propriété, les fenêtres sont badigeonnées à la peinture blanche afin d’empêcher qu’on puisse voir de l’intérieur à l’extérieur et de l’extérieur à l’intérieur. Ils sont logés dans la partie la plus isolée de la maison, cinq pièces contiguës, une pièce qui sert de chambre au couple impérial et à leur plus jeune enfant, une pièce qui sert de chambre aux Grande-Duchesses, une pièce qui est utilisée par les domestiques et le médecin et enfin, deux pièces communes dont la salle à manger. L’humiliation continue, les toilettes sont partagées par la famille et les quelques 70 gardes, il leur est interdit de fermer la porte lorsqu’ils y vont.

Ils sont fouillés pour un oui ou pour un non, et les gardes volent la moitié de la nourriture qui leur est destinée.

tableau du peintre russe Mouxajine, intitulé« avant l’exécution ». On y voit la famille impériale, ainsi que les quatre serviteurs ayant refusé de les abandonner, dans la pièce du sous-sol de la maison Ipatiev.

tableau du peintre russe Mouxajine, intitulé« avant l’exécution ». On y voit la famille impériale, ainsi que les quatre serviteurs ayant refusé de les abandonner, dans la pièce du sous-sol de la maison Ipatiev.

La suite est connue : dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, la famille est réveillée par les gardes, qui les informent qu’ils doivent se préparer pour partir. En réalité, ils sont emmenés au sous-sol de la maison Ipatiev et fusillés. Mal entrainés au maniement des armes et ivres pour une bonne partie d’entre eux, les tireurs n’ont exécuté, après plusieurs minutes de tirs, que le tsar et la tsarine. La fumée rend l’atmosphère irrespirable, et le bruit de la fusillade commence à réveiller les voisins. Alexis et ses soeurs hurlent de terreur et tentent de se protéger. Un des tireurs vida son chargeur sur le tsarévitch, puis le transperça à coups de baïonnette et un garde lui tira deux balles dans la tête pour l’achever.

Monument près de l’église construite à l’emplacement de la maison Ipatiev.

Monument près de l’église construite à l’emplacement de la maison Ipatiev.

Leur besogne achevée, les meurtriers transportent les corps dans un camion. Certains d’entre eux tentèrent de dépouiller les cadavres. Les corps seront découpés, les crânes défoncés puis défigurés à l’acide, et jetés dans un puits de mine.  L’ordre de Lénine est formel : personne ne doit savoir où se trouve les restes des Romanov.

Mais dès le départ, rien ne va se dérouler comme prévu. Le puits de mine est trop petit pour contenir les 11 corps et le chef du peloton d’exécution, en état d’ivresse, n’a emporté qu’une seule pelle. Les tueurs lancèrent des grenades pour pulvériser les corps, mais cela ne fut pas suffisant pour les faire disparaitre. Les restes humains furent abandonnés là, puis le lendemain, chargés à nouveau dans le camion à destination d’une mine plus profonde, à quelques kilomètres de là.

Gamina Yama, lieu où les corps ont été jetés la première fois, le 17 juillet 1918. C’est aujourd’hui un lieu de mémoire, comprenant 7 églises, 3 monuments au Tsar, à la Tsarine et à leurs 5 enfants. Entouré d’arbres et orné de pelouses, cet endroit est un lieu de pèlerinage et de recueillement. Tous les ans, les “journées impériales” commémorent l’assassinat.  Concerts, conférences, messes  se déroulent pendant 3 jours dans la ville d’Eh-Ekaterinbourg. Puis dans la nuit, les pèlerins partent en procession de l’église-sur-le-sang et parcourent à pieds les 20 km jusqu’à Gamina Yama. En 2017, 70 000 personnes y ont participé.

Gamina Yama, lieu où les corps ont été jetés la première fois, le 17 juillet 1918. C’est aujourd’hui un lieu de mémoire, comprenant 7 églises, 3 monuments au Tsar, à la Tsarine et à leurs 5 enfants. Entouré d’arbres et orné de pelouses, cet endroit est un lieu de pèlerinage et de recueillement. Tous les ans, les “journées impériales” commémorent l’assassinat. Concerts, conférences, messes se déroulent pendant 3 jours dans la ville d’Eh-Ekaterinbourg. Puis dans la nuit, les pèlerins partent en procession de l’église-sur-le-sang et parcourent à pieds les 20 km jusqu’à Gamina Yama. En 2017, 70 000 personnes y ont participé.

Et de nouveau, rien ne se passe comme prévu : le camion s’embourbe et les hommes, épuisés, refusent d’obéir aux ordres. Leur chef, Yurovsky, décide alors d’enterrer les corps à l’endroit oùle camion s’est arrêté. Dernière précaution afin de préserver le secret : pour éviter que l’on puisse retrouver 11 corps enterrés ensemble, ce qui permettrait d’établir un lien avec l’exécution de la famille impériale, il décide que les restes des corps de Maria et d’Alexis seraient enterrés à part, 15 mètres plus loin. Comme nous allons le voir, ces incidents à répétition auront des conséquences dramatiques pour le repos éternel de Maria et d’Alexis.

Photo extraite du rapport du juge Sokolov. En l’absence de corps, Il en conclut à tort qu’il s’agissait du premier endroit où les cadavres avaient été jetés. En réalité, il s’agit du second lieu d’inhumation des Romanov. Les rondins servirent à désembourber les voitures et les corps furent jetés juste en-dessous.  Cet endroit boueux fut la dernière demeure de la famille impériale pendant plus de 70 ans.

Photo extraite du rapport du juge Sokolov. En l’absence de corps, Il en conclut à tort qu’il s’agissait du premier endroit où les cadavres avaient été jetés. En réalité, il s’agit du second lieu d’inhumation des Romanov. Les rondins servirent à désembourber les voitures et les corps furent jetés juste en-dessous. Cet endroit boueux fut la dernière demeure de la famille impériale pendant plus de 70 ans.

Dès 1977, des géologues avaient retrouvé des os dans les forets entourant Ekaterinbourg mais, conscients de détenir un secret d’Etat, ils préférèrent les enterrer à nouveau, et attendre que le climat politique leur permettre de parler sans crainte. En 1991, des fouilles furent autorisées et les restes authentifiés, mais il manquait toujours deux corps, Maria (que l’on confondit d’abord avec Anastasia) et Alexis. Ce n’est qu’en 2007 que furent retrouvés les restes de Maria et d’Alexis, en tout 44 morceaux d’os et de dents.

Plan des fouilles de 2007. Le carré rouge 2 indique l’emplacement des restes d’Alexis et Maria

Plan des fouilles de 2007. Le carré rouge 2 indique l’emplacement des restes d’Alexis et Maria

Le site aujourd’hui

Le site aujourd’hui

Malheureusement pour le tsarévitch, l’Eglise exprime des doutes sur le résultat des tests ADN menés sur les restes humains retrouvés : pour elle, les corps ont été jetés à Gamina Yama et brûlés. Cette croyance s’appuie sur le rapport du juge Sokolov, sur les morceaux de vêtements, fragments d’os et sur le cadavre du chien d’Anastasia, mort dans la fusillade lui aussi et jeté dans le puits de mine avec ses maîtres.Dans cette optique, les corps n’ont pas pu être enterrés ailleurs et le reste humains trouvés dans la forêt ne peuvent pas être ceux des Romanovs.

Aujourd’hui, la controverse n’est toujours pas éteinte. 9 des 11 victimes de la tuerie d’Ekaterinbourg ont été enterrées avec les honneurs, dans la cathédrale Pierre et Paul de Saint Petersburg. Tel n’est pas le cas d’Alexis.  Par une triste ironie du sort, une plaque à son nom, identique à celle de ses parents et ses soeurs a été apposée au mur de la chapelle funéraire de Nicolas II, donnant ainsi l’illusion que le tsarévitch repose enfin en paix. En réalité, les restes d’Alexis et Maria se trouvent encore aujourd’hui dans les réserves d’un Institut medico-légal.

Tombes de Nicolas II , de sa famille et des serviteurs assassins avec eux à Ekaterinbourg

Tombes de Nicolas II , de sa famille et des serviteurs assassins avec eux à Ekaterinbourg

 En 1981, l’église russe hors frontières a canonisé la famille impériale en tant que martyrs. En 2000, ce fut au tour de l’église russe, en tant que « témoins de la Passion ». Ce concept est propre à l’église orthodoxe et n’existe pratiquement pas chez les catholiques. La sainteté est accordée à qui a supporté une mort terrible de manière chrétienne, sans nécessairement avoir été assassiné en raison de sa foi.

12 août 1917 : le dernier anniversaire du tsarévitch Alexis
2 exemples d’icônes d’Alexis. Les icônes du tsarévitch seul sont rares, l’Eglise préférant mettre l’accent sur la famille impériale dans son ensemble.

2 exemples d’icônes d’Alexis. Les icônes du tsarévitch seul sont rares, l’Eglise préférant mettre l’accent sur la famille impériale dans son ensemble.

 Aujourd’hui, cet enfant martyr, qui, 99 ans après son assassinat, n’a toujours pas de tombe, est vénéré par les Russes. Il est fêté le 17 juillet.

Alexis Nicolaevitch de Russie (1904-1918)

Alexis Nicolaevitch de Russie (1904-1918)

Monument au Tsarévitch à Yalta

Monument au Tsarévitch à Yalta

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Centenaire de l'assassinat de Nicolas II et des siens.4e partie : expositions à Ekaterinbourg

Publié le par Sophie Manno de Noto

affiche de l’exposition « tragédie d’une famille, tragédie d’une nation ».

affiche de l’exposition « tragédie d’une famille, tragédie d’une nation ».

Voici quelques objets et documents intéressants montres au public en cet été 2018.

Tableau représentant la maison Ipatiev. A droite de la porte, la grille de la pièce où furent exécutés les prisonniers impériaux et leurs serviteurs.

Tableau représentant la maison Ipatiev. A droite de la porte, la grille de la pièce où furent exécutés les prisonniers impériaux et leurs serviteurs.

Centenaire de l'assassinat de Nicolas II et des siens.4e partie : expositions à Ekaterinbourg

Quand les habitants de Ekaterinbourg virent que la maison commençait à être démolie, ils se précipitèrent pour essayer d’arracher des morceaux aux démolisseurs. Ici, la grille de la salle d’exécution.

La grille aujourd’hui

La grille aujourd’hui

Objets provenant de la maison Ipatiev, récupérés et cachés par les habitants de la ville.

Objets provenant de la maison Ipatiev, récupérés et cachés par les habitants de la ville.

Pistolet qui aurait tué Nicolas II

Pistolet qui aurait tué Nicolas II

Article dans le journal “Le travailleur de l’Oural” annonçant l’exécution de “Nicolas le sanglant”

Article dans le journal “Le travailleur de l’Oural” annonçant l’exécution de “Nicolas le sanglant”

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Centenaire de l'assassinat de Nicolas II et des siens. 3e partie : l’exécution des prisonniers d’Alapaievsk (18 juillet 1918)

Publié le par Sophie Manno de Noto

Alapaievsk, centre ville : monument en l’honneur de la Grande-Duchesse Elisabeth, fleuri a l’occasion du centenaire de son assassinat.

Alapaievsk, centre ville : monument en l’honneur de la Grande-Duchesse Elisabeth, fleuri a l’occasion du centenaire de son assassinat.

Le lendemain de l’exécution de la famille impériale et de leurs serviteurs, un autre drame se déroula à une soixantaine de kilomètres, à côté d’une ville nommée Alapaievsk. 8 détenus, parmi lesquels 6 membres de la famille Romanov allaient y être sauvagement assassinés.

  1. La grande-duchesse Élisabeth Fiodorovna (53 ans);
  2. Le grand-duc Serge Mikhaïlovitch de Russie (48 ans);
  3. Le prince impérial Ioann Constantinovitch de Russie (32 ans);
  4. Le prince impérial Constantin Constantinovitch de Russie (27 ans);
  5. Le prince impérial Igor Constantinovitch de Russie (24 ans);
  6. Le prince Vladimir Pavlovitch Paley, fils du grand-duc Paul Alexandrovitch de Russie et de son épouse morganatique la princesse Olga Karnovitch Paley (21 ans);
  7. Fiodor Semionovitch Remez, secrétaire du grand-duc Serge (40 ans);
  8. Sœur Varvara Yakovleva, religieuse au monastère des Saintes-Marthe-et-Marie à Moscou (35 ans)
Alapaievsk, 18 juillet 2018 : concert et marche de bienfaisance

Alapaievsk, 18 juillet 2018 : concert et marche de bienfaisance

Vente de charité au profit de l’association « byeli tsvetok (la fleur blanche)»

Vente de charité au profit de l’association « byeli tsvetok (la fleur blanche)»

L’association de bienfaisance “ la fleur blanche” (en russe БЕЛЫЙ ЦВЕТОК) est née en Russie en 1911, a l’initiative de l’Empereur Nicolas II et d’Alexandra. Elle s’inscrit dans le courant caritatif européen de lutte contre la tuberculose.

L’association se finançait en organisant des ventes de charité d’objets confectionnes par ses membres. Les premiers marchés furent organisés à Yalta, qui était alors le centre de la lutte contre la tuberculose en Russie. Les membres de la famille impériale se transformait alors en vendeur de foire pour récolter des fonds.

Palais de Livadia, les 5 enfants de Nicolas II participant à la journée de la fleur blanche

Palais de Livadia, les 5 enfants de Nicolas II participant à la journée de la fleur blanche

La tsarine Alexandra vendant des objets au profit de l’association

La tsarine Alexandra vendant des objets au profit de l’association

En pleine nuit, les 8 détenus furent transférés de l’école d’Alapaievsk qui leur servait de prison vers le lieu dit Verkhine-Sinyatchikhinsky. Ils furent précipités vivants dans un puit de mine, dans lequel les assassins jetèrent des grenades.

Plusieurs d’entre eux, dont la Grande-Duchesse Elisabeth, survécurent à leurs chutes et moururent de faim ou de leurs blessures.

Cérémonie d’hommage à l’endroit où les 8 martyrs furent exécutés.

Cérémonie d’hommage à l’endroit où les 8 martyrs furent exécutés.

Centenaire de l'assassinat de Nicolas II et des siens. 3e partie : l’exécution des prisonniers d’Alapaievsk (18 juillet 1918)
Le puits de mine aujourd’hui

Le puits de mine aujourd’hui

Centenaire de l'assassinat de Nicolas II et des siens. 3e partie : l’exécution des prisonniers d’Alapaievsk (18 juillet 1918)

Verkhine-Sinyatchikhinsky possède des reliques d’Elisabeth. Début juillet 2018, elles furent transférées provisoirement à Ekaterinbourg, pour être offerte à la vénération des fidèles dans l’église sur le sang.

Centenaire de l'assassinat de Nicolas II et des siens. 3e partie : l’exécution des prisonniers d’Alapaievsk (18 juillet 1918)
Icone offerte par le patriarche Kirill lors de la vénération des reliques, avec une bénédiction spéciale pour le 100e anniversaire des assassinats de 1918.

Icone offerte par le patriarche Kirill lors de la vénération des reliques, avec une bénédiction spéciale pour le 100e anniversaire des assassinats de 1918.

Après la révolution, l’organisation fut dissoute. Elle renaquit en 2014 et consacre son action aux pauvres et aux orphelins.

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